Dans les sables du désert [LIBRE]

Ah, ce que ce désert pouvait lui manquer, à chaque fois qu'elle le quittait pour se vadrouiller dans les autres terres d'Hyrule. Attachant ses cheveux en queue de cheval, mettant rapidement un voile noir aux broderies pourpres pour protéger son visage du moindre grain de sable, Eléonore s'approchait de la Tour du Jugement. Tallonnant légèrement le sanglier qu'elle montait, pour éviter qu'il ne s'énerve de trop, elle laissait le souffle du vent balayer ses cheveux de sa brise sèche. L'air du désert était encore frais et doux, à cette heure matinale, tandis que le soleil commençait à se lever.

-Aaah... soupira-t-elle en observant la sphère solaire, cela faisait longtemps que je voulais revenir...

Un sourire étirra son visage caché, alors que le sanglier s'était arrêté dans sa petite course. Une monture était dure à trouver dans le désert de nos jours: elle avait assommé un mobelin pour la lui prendre. De toute façon, ce mobelin n'avait rien à faire là, à vouloir lui voler ses richesses. Il avait mérité sa punition.

Bon, je n'ai pas que ça à faire, pensa-t-elle avant de donner un petit coup de pied dans les flans de sa monture, tirant doucement les rennes vers la direction voulue.
La Tour, elle adorait cet endroit. Quelque peu hostile, avec ces sables mouvants, ces créatures à moitié-morte et ses momies, pétrifiant de peur leurs victimes de leur cri strident, mais d'une beauté sauvage et élégante qui faisait tout le charme de ce lieu sacré mais maudit.
Personne ne devait découvrir ce qu'il y avait au sommet.
Les Gérudos devaient protéger cette Tour des regards envieux des chasseurs de trésors avides de rubis et d'énigmes. Les pièges de la Tour étaient en règle générale dissuasifs, mais elle se devait de vérifier parfois. La plupart des explorateurs étaient aveugles, cherchant la lumière du premier trésor aperçu, elle n'aimait pas cette classe de personnes. Depuis les guerres, plus de le moindre historien ou autre scientifique n'osait s'aventurer dans ces terres hostiles.
Soudain, elle vit la fumée lointaine d'un feu de camp, devant l'édifice monumental. Ses dents grinçèrent avec colère.

-Encore un... Marmonna-t-elle, commençant à fulminer.

Elle voyait également les campements des habituels mobelins avec leurs sangliers qui s'étaient postés plus loin devant la Tour. Cette fois-ci, elle fonça dans le tas et le sanglier qu'elle chevauchait lui fut d'une aide précieuse pour se débarrasser rapidement des créatures, surtout lorsque le sanglier fonçait tel un taureau indomptable vers eux. Un jeu d'enfant pour tous le monde, pensa-t-elle en poussant un petit rire cynique.
Elle descendit de sa monture, tapotta le haut du groin de la bête avant de lui donner une pomme comme récompense. Elle attacha les rennes brièvement à un pilier de pierre et se diriga vers l'entrée de la Tour, vers le campement. Soudain, elle entendit un grognement persistant d'une bête, lorsqu'elle arriva devant le feu encore légèrement fumant. Un loup, les lèvres retroussées, était prêt à lui sauter de dessus, poussant des grognements agressifs. Eléonore recula d'un pas mesuré, calculé, sans faire de geste brusque.

-Eh bien, nous voilà dans une drôle de situation bien délicate..., grinça-t-elle entre ses dents devant la bête, sortant par précaution de son fourreau un de ses sabres.

La rousse au teint cadavérique haussa les sourcils avec dédain, son sabre toujours pointé vers le loup. La bête grognait d'un air on ne peut plus agressif face à la guerrière vagabonde, malgré les caresses discrètes que sa maîtresse déposait lentement sur son front velu pour tenter de le calmer.

-Moi...? Soupira-t-elle d'un ton cynique en guise de réponse. Eh bien, je ne suis qu'une jeune femme qui cherche à ne pas être attaquée par votre molosse.

Un silence s'imposa entre les deux femmes, qui s'observaient sans rien dire. Une hylienne, encore une, pensa-t-elle légèrement énervée. Mais le calme et la placidité étaient source de survie dans les situations de ce genre, elle n'allait pas l'attaquer pour autant. Et puis... Attaquer quelqu'un pour le seul fait qu'il était Hylien serait vraiment synonyme de bêtise. Idiotie dont étaient imprégnées la plupart des Gérudos. Eléonore n'aimait pas ce genre de racisme et poussa un nouveau soupir, avant de ranger son cimeterre dans son fourreau respectif. D'une de ses bourses, elle en tira une pipe de bois sombre qu'elle alluma avec grand plaisir. Elle ne voulait pas que ça finisse en pugilat sanglant et d'ailleurs, la jeune rousse au loup qui lui faisait face ne semblait pas chercher le combat.

-Que faites-vous ici? Demanda-t-elle avec une once de colère dans le timbre cristallin de sa voix. Ce lieu que vous tentez d'en percevoir les secrets est sacré chez mon peuple, les Gérudo. Si vous voulez rester en vie, n'essayez pas d'y vous aventurer. Ces trésors doivent rester secrets et les pièges de cette Tour sont mortels.

Des trésors? Roxane sembla triompher intérieurement, ils en avaient donc! Ce lieu cachait bien chose de précieux, sa curiosité n'allait pas s'arrêter à ce stade. Cet édifice cachait quelque chose que la nouvelle venue semblait vouloir protéger à tout prix. D'ailleurs, la Gérudo au teint blafard semblait bien connaître la Tour et ses dédales aux créatures ressuscités d'entre les morts et ses pièges qui ont du sûrement prendre bon nombre de vies...

-Etes-vous donc seulement ci pour assouvir votre soif de richesse, comme tous les autres? Si c'est le cas, je ne pense pas que vous survivrez dans cette Tour, à moins que vous ayez déjà essayé d'explorer ses salles...

Elle expulsa une bouffée de fumée avant de reprendre la parole.

- Si vous n'êtes pas à mes yeux comme tous les autres pilleurs de tombes qui ont foulé notre Désert juste dans le seul but de trouver des trésors... Je veux bien vous montrer le chemin dans la Tour. Cet endroit renferme bien plus que des trésors question importance. Mais cependant, son sommet est malheureusement interdit d'accès.

La guerrière hésita un instant, devant la jeune femme dont l'attitude tellement amicale la mettait assez mal à l'aise. Elle n'avait pas l'habitude à parler avec de braves personnes telles que Roxane. C'était tellement rare de nos jours. Surtout à l'égard des Gérudo, peuple des "voleurs", des "bandits", des "traîtres". Celui qu'on disait maudit, celui qu'on devait craindre comme la peste, celui que les Hylien avaient banni dans le désert.

- Je me nomme Eléonore, fit-elle dans leur brève poignée de main.

Un léger sourire étirra le visage blême de la Semi-Gérudo, inpersceptible pour l'Hylienne. D'un geste vif, elle détacha le foulard qui cachait une partie de son visage du sable environnant. Elle n'en avait plus besoin à présent.

- Eh bien je dois avouer que c'est la première fois que je tombe sur un Hylien qui ne court pas après l'argent dans notre désert...

Elle inspira longuement dans sa pipe pour en savourer le goût du tabac, qui ressemblait étrangement à celui de la canelle, parcourant calmement du regard les affaires de l'exploratrice. Elle sourit une nouvelle fois, ce qui était bien rare de sa part, avant d'ajouter:

- Si vous n'êtes pas à la recherche de l'or, vous verrez alors toute la beauté de cet édifice de l'intérieur. C'est certes un peu poussiéreux, remplis de pièges et de monstres, mais cela fait tout le charme ténébreux de la Tour.

Elle dévisagea son interlocutrice un moment; non, elle ne semblait pas être comme les autres Hylien. Loin de là. S'intéresser à l'histoire, aux légendes... c'est bien atypique de nos jours. Quoique... Eléonore avait déjà rencontrer un quatuor bien étrange avec comme tête penseuse un érudit féru de cosmogonie des Grandes Déesses et notamment sur les Célestiens...

- Cette Tour fut auparavant une prison, destinée aux plus grands "criminels" contre le Royaume d'Hyrule, poursuivit la jeune Semi-Gérudo. Cette prison, comme son nom l'indique, est également un lieu d'éxécution, plutôt arbitraire à mon goût, ironisa-t-elle d'un ton sarcastique. Vous comprendrez rapidement pourquoi, quand nous serons à l'intérieur.

Elle scruta du regard l'ensemble du campement, et, expirant longuement une bouffée de fumée, elle suggéra:

- Je préfères que vous preniez des forces avant de venir avec moi. Il vaut mieux quelque chose dans l'estomac si on veut survivre dans ce genre de lieu.

La guerrière haussa les sourcils, dégustant la nourriture qu'on lui avait offert gentiment donné: ça changeait des magasins de la citadelle, beaucoup trop cher parfois. Mais le vol était une de ses aptitudes, et elle savait très bien l'utiliser quand son ventre criait famine. Mais ce genre de questions la rendait quelque peu mal à l'aise. Comme si son peuple était une nouvelle espèce d'animaux qu'on voulait étudier à la loupe. Mais elle s'y était habitué, avec le temps. D'ailleurs, elle n'allait tout de même pas se montrer une nouvelle fois agressive alors que l'hylienne se montrait sympathique à son égard. Autant satisfaire sa curiosité, pensa-t-elle.

- Oui, c'est très bon, je vous remercie, répondit Eléonore dans un léger sourire.

Son regard dériva sur le sanglier qui lui servait de monture et dit:

- Ce n'est pas vraiment la mienne, s'enquit-elle d'un ton monocorde.

L'autre rousse pencha légèrement la tête sur le côté, l'air un peu perdue, les yeux réflétant une certaine incompréhension.

- Disons qu'à part votre beau pur-sang, il n'y a pas beaucoup de montures dans ce désert...Se justifia Eléonore. Ce sanglier que vous voyez là, je l'ai pris à un Moblin qui trainaît dans les parages. Il n'y a que la loi du plus fort qui règne en règle générale dans ce désert, j'espères que cela ne vous choque pas trop.


N'attendant pas vraiment de réponse, elle se remit tranquillement à manger ce qu'on lui avait offert, avec appétit, après avoir posé sur une pierre légèrement surélevée sa pipe en bois sombre. Enfin un peu compagnie... Bien qu'elle n'était pas habituée à être accompagnée, elle aspirait parfois à un compagnon de route. Certes, il y avait les siens, les autres Gérudos, mais c'était différent. Maintenant que Roxane était là, elle se sentait légèrement soulagée: être avec quelqu'un pour un moment était parfois mieux qu'un voyage en loup solitaire.
Mais quelque chose d'autre attisait sa propre curiosité.

- Vous semblez mal connaître les Gérudos, je me trompe?

Cela devait être évident, vu qu'elle avait enfreint certaines règles sans le vouloir. Eléonore ne lui en voulait pas, bien au contraire, mais il fallait mettre les choses au clair.

Eléonore ne répondit rien, car celle-ci était plus pré-occupée par les bouffées de fumée de sa pipe qu'elle aimait respirer et la nourriture que la jeune femme lui avait offert. Voyant l'Hylienne toute enchantée de pouvoir se jeter dans la Tour, telle une petite fille inconsciente du danger, la guerrière soupira et poussa un rire discret et nonchalant.

- Si vous voulez, mademoiselle , s'enquit-elle après avoir avalé son dernier morceau de pain.

La Gérudo au teint de cadavre la dépassa, lui conseillant de rester derrière elle pour plus de sécurité. Son loup robuste, maintenant calme, ne voulait pas attendre le retour de sa maîtresse et se fit un plaisir de l'accompagner de nouveau. Sa présence semblait apaiser son stress, malgré sa curiosité qu'elle montrait à l'égard de l'édifice.

- Pour vous expliquer rapidement, dit la fille du désert alors qu'elles descendaient un escalier qui menait à l'entrée, les mobelins que vous avez vu ne nous attaquent pas à la forteresse.

La forteresse? Il y avait donc un autre lieu dans ce désert? Roxane se fit un plaisir de poser cette question. L'interpellée la considéra un moment, et sourit une nouvelle fois.

- Eh bien, la plupart des Hyliens pensent que le désert, notre désert est maudit et vide de toute vie. C'est faux. Les Gérudos ne sont une "race" disparue, bien que le désert ne soit pas un lieu de repos et d'amusement, comme vous avez pu le constater. Trois lieux subsistent dans ce désert: la Forteresse, la Tour du Jugement et la Grotte de l'Ordalie, repère de la Reine des Fées.

Elle s'arrêta pour ranger sa pipe dans une de ses petites bourses qui étaient attachées autour de sa taille et annonca:

- Cette Tour habite des âmes condamnées de tout genre: criminels pour la plupart. Ce lieu sacré est donc pour cette raison dît "maudit". Avez-vous un grappin sur vous? Nous allons en avoir besoin, car toutes ces salles sont pour la plupart remplis de pièges. S'accrocher à quelque chose en hauteur peut nous sauver de justesse.

La Semi-Gérudo s'avanca vers la première salle: des sables mouvants dans lesquels couraient rapidement des vers des sables aspiraient tout ce qui tombaient dans l'étreinte lente et douleureuse, menant tout droit la mort. Les plateformes qui menaient à la suivante porte, qu'on voyait au loin, ne semblaient pas très stables.

- Passons un par un, conseilla-t-elle d'une voix sérieuse et concentrée.

D'un coup de pied rageur, elle jetta dans le sable un crâne qui se trouvait près d'elle, rien pour montrer les terribles conséquences du moindre faux pas.

- Vous aviez déjà sûrement eu un avant-goût des pièges qui grouillent dans cette Tour, n'est-ce pas? Demanda-t-elle avant de s'avancer vers la première plateforme qui se présentait devant elle. N'ayez crainte, c'est quelque chose de commun dans ce désert, ne pensez pas que nous êtes la seule à les redouter en ce moment comme la peste. Moi-même, je n'aimerait pas me retrouver dans un sable mouvant vous savez, dit-elle avec un léger rictus rassurant sur son visage blafard. Je connaîs ces pièges, mais parfois, cela ne m'empêche pas de me faire prendre.

La rousse s'aperçut avec stupeur que la porte était verrouillée, malgré l'âge qu'avait l'antique temple hostile. Déçue, elle chercha la guerrière du regard, qui s'était engoudré dans un autre couloir. Alkin, voyant une auge rempli d'huile aboya pour attirer l'attention de sa maîtresse. Celle-ci sourit, en voyant son loup lui montrer quelque chose qui pourrait l'aider dans sa découverte de ce sombre édifice.

- Eléonore? S'enquit l'Hylienne après avoir rempli soigneusement sa lanterne du précieux liquide conburant.

Cette dernière revint d'un couloir plongé dans l'obscurité, dégageant du pied les morceaux de bois d'une porte qu'elle avait détruite à l'épée. Elle revint à toute vitesse vers la source de lumière salvatrice de la seconde rousse.

- Vite, pointer cette lanterne vers le couloir! J'avais oublié les insectes!
- Quels insectes? Demanda Roxane incrédule.

Alkin s'était mis à grogner furieusement vers la pièce plongée dans l'ombre, les lèvres retroussées agressivement, tandis qu'un bruit léger se rapprochait vers eux. Soudain, une petite masse noire s'avanca vers eux, composée des fameux insectes, des scarabées d'une tailles respectable plus précisémment. Ces sales bêtes étaient résistantes et en groupe, elles se jettaient sur la moindre victime qui leur passait sous les mandibules en groupe pour la dévorer le plus lentement possible, telle un garde-manger vivant.
Roxane agita de justesse sa lanterne au bon moment et au grand soulagement de tous, les insectes s'en allèrent aussi vite qu'ils étaient venues.

- Ouuuf, c'était moins une... Soupira Eléonore en s'essuyant le front. Je vous remercie infiniment....

La jeune femme au loup sourit chaleureusement et invita la Gérudo à débloquer la porte.

- On va avoir affaire avec des squellettes, annonca-t-elle à Eléonore alors qu'elles entraient dans le noir.
- C'est commun dans la Tour, croyez-moi, grinça l'interpellée en dégaînant ses deux sabres.
- Tu peux me tutoyer, répondit Roxane avec un sourire.

La porte vieille de plusieurs centenaires se referma brutalement aussitôt qu'elles furent rentrer. Le loup sursauta légèrement, les oreilles se dressant bien droites pour capter le moindre son. Eléonore considéra la salle un moment, puis dit:

- En face, on peut allumer pour avoir un peu plus de lumière, combattre dans le noir, ce n'est pas conseillé...

Roxane prit les devants avec Alkin, prudente, passant par les endroits qui étaient sécurisés. Mais il fallait faire vite: le loup s'était déjà mis à grogner tandis qu'on entendait un bruit sourd, comme si le sable semblait se mouvoir tout seul. Elle alluma les torches rapidement et découvrit que les fameux squellettes s'avancaient vers elle, ce qui lui rappela sa première tentative d'exploration de la Tour de la veille. Soudain, la barrière qui bloquait la porte se releva à son plus grand soulagement: un mécanisme se trouvait donc dans les deux torches...
Soudain, elle vit la Gérudo abattre ses sabres en ciseaux vers un premier groupe de squellettes, qui, pour la plupart, poussèrent un cri strident avant de tomber en morceaux dans le sable. Occupée à terrasser les premiers d'entre eux, alors qu'ils avancaient en groupe serré, elle ne savait où donner de la tête durant un instant et au bout d'un long moment, plus aucun squellette n'apparut. Haletant légèrement, cherchant à retrouver une respiration normale, Eléonore soupira d'énervement.

- Ces saletés apparaissent toujours en un nombre conséquent à chaque fois...
- ...Ca va aller? Demanda Roxane.
- Je suis votre guide, vous êtes mon invitée, vous n'avez pas à vous en faire pour moi, répondit la guerrière avec un sourire, avant de soulever la porte qui bloquait leur route.

Le coeur de l'hylienne battait la chamade. Que d'excitation lorsqu'elle entra dans une pièce inconnue aussi passionante qu'elle en avait l'air! Toute curieuse, la jeune femme prit une nouvelle fois les devants par rapport à la Semi-Gérudo, se précipitant vers l'immense porte qui trônait en face d'elles, surlevée par un vieil et massif escalier de pierre taillé dans le roc même, entouré de torches dont on voyait encore les sculptures travaillées.

- C'est une des salles principales, dit Eléonore. Une sorte de carrefour qui menait à différents secteurs de la prison et notamment au sommet.

Eléonore poussa un léger baillement avant de s'approcher près de la jeune fille, qui semblait effrayée. Elle haussa les sourcils en voyant la gravure abîmée par le temps et soupira longuement, et tenta de la rassurer. C'était parfaitement compréhensible de la voir dans cet état de frayeur: cela devait être la première fois que la jeune femme des Montagnes voyait une redoutable créature de ce genre, gravée dans la pierre depuis fort longtemps, mais tout aussi effrayant:

- C'est une créature antique des temps anciens, dit-elle d'une voix monocorde.
- Mais.. C'est quoi exactement?
- On l'appelait Humbaba, rajouta aussitôt la guerrière. Une terreur, un monstre sanguinaire que terrifia et tua bon nombre de personnes. Mais, pour s'attirer ces louanges et être protégé par les Grandes Déesses, beaucoup faisaient des offrandes pour ne pas être tuer, bien que celles-ci ne marchaient disons... jamais. Cette créature était très respestée et redoutée à la fois. Les cadavres qu'il écrase est un symbole de puissance, on disait même que ceux qui sont morts sous ses griffes le servent même en n'étant plus vivant.
- ...Tu l'as déjà vu en vrai...?- Mort oui! Rit Eléonore avec un rictus nerveux. Je ne fais que vous raconter l'histoire que l'on m'a transmise dans la forteresse. La créature est morte il y a des siècles.

Elle allait de nouveau ressortir sa pipe pour en inspirer les bouffées de fumée, mais Roxane voulait assousir sa curiosité débordante. La créature de la gravure était tellement fascinante, ce monstre qui n'était plus qu'un squelette hurlant en silence, figé dans la pierre, était tout simplement d'une beauté impressionante mais mortelle.

- Et... où se trouve-t-il à présent?
- Le cadavre? Il se trouve dans la salle centrale qui mène au sommet. Ne vous inquiétez pas, il est juste très grand, majestueux, mais assez effrayant quand vous n'en avez pas l'habitude.

L'hylienne ne semblait pas être très rassurée, mais la semi-gérudo lui tapota légèrement l'épaule comme simple geste pour lui dire de ne pas s'inquiéter. Cette créature était morte depuis des centenaires, pourquoi en avoir peur? Eléonore soupira et invita la jeune femme à venir devant la porte centrale: les flammes bleues illuminaient à peine la pièce spacieuse, enveloppant l'ensemble dans une atmosphère angoissante, un terrible sentiment qu'on ressentait partout dans la Tour. Une question d'habitude.

Spoiler:

La gérudo se contenta de hausser les sourcils, tout en observant l'appareil, qui ressemblait plus à une antiquité quasiment détruite qu'à une sorte de moyens de transport.

- Vous voulez donc monter ces murs en prenant cet appareil? Questionna Eléonore d'un ton qui cachait un amusement presque railleur. Je doute que cela marche.

- Pourquoi donc? questionna la jeune hylienne.

- Ce moyen de transport date de plusieurs centenaires selon moi. Certes, vous le connaissez d'après vos nombreuses connaissances sur les Temps Anciens d'Hyrule, mais qui ne vous dis pas qu'il est hors-service.

Mais la jeune Roxane ne voulut rien savoir à ce sujet. Au contraire, l'euphorie prenait le dessus, même sur ses craintes du danger. Aussi espiègle qu'une petite écolière, elle dépoussiéra avec minutie et soin le vieil aérouage, pour en déchiffrer la moindre gravure des Temps Anciens taillée dans la pièce. A l'observer ainsi, à nettoyer lentement le véhicule, Eléonore ne put s'empêcher de sourire : ces temps-ci, il était rare de rencontrer une personne pareille. Intéressant, tout simplement intéressant.